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Pourquoi donc "Les Mangeurs de brise" ? X  

 

 Borobudur

En Indonésie, c'est la coutume, quand un orang bule (un homme blanc) marche dans la rue, on lui pose mille questions, dont les très récurrentes dari mana ? (d'où viens-tu ?) et mau ke mana ? (où vas-tu ?).

Dans les endroits touristiques, en répondant naïvement la vérité, on s'expose à d'autres questions... mais aussi à subir les services non désirés, et jamais gratuits, d'un intermédiaire vantant les batiks de son épouse, l'hôtel de son cousin ou le becak (vélo-taxi) de son père.

Pour conserver intact la bonne humeur du matin acquise grâce à un délicieux teh tarik (thé au lait fortement sucré) et sa liberté de mouvement, il existe une réponse aussi élégante que poétique : saya makan angin (je mange la brise).

« Manger la brise », en Bahasa Indonesia (la langue indonésienne), signifie baguenauder, flâner, errer au hasard, se balader sans but ; mais il s'agit surtout d'une phrase codée qui sous-entend que l'on est déjà installé à l'hôtel, que l'on a l'estomac plein et que l'heure n'est pas propice aux marchandages subtils... et jamais il ne viendrait à l'idée de l'un des 240 millions de citoyens du pays d'enfreindre cette règle non écrite.

Etait-il possible de dénicher meilleur titre pour un livre consacré aux aventures d'une poignée de guides intrépides chargés d'encadrer trekkeurs fous et mamies centenaires fondues d'exotisme ?