Qui sont les « Mangeurs de brise » ?

 

 

Oui, excellente question, qui sont-ils, ces fameux "Mangeurs de brise" ?

Des êtres humains très actuels...

Quelques uns ont fait du voyage leur gagne-pain, d'autres, leur raison de vivre ; et la plupart, un subtil mélange des deux ! Ou bien juste l'occasion d'oublier la platitude du monde moderne, et de rêver...

Chacun ici, avec le style qui lui est propre, raconte ses aventures, pitoyables ou flamboyantes, et nous livre ses enthousiasmes communicatifs, ou ses pires déceptions...

Dans cette galerie de portraits hauts en couleurs, on rencontre des guides chevronnés comme Maxime, ou débutants, comme Alexandre ; et, bien entendu des filles, au moins aussi performantes que les garçons (Mathilde)... Mais aussi des voyageurs, enthousiastes et délicieusement naïfs – Martine, Isabelle, Brigitte... –, un brin pervers (Alain) ou parfois ouvertement lepénistes telle l'insupportable Maryse... On croise également Abdelkarim, guide local yéménite, dont l'humour décapant masque bien mal une lucidité légèrement désabusée... et son épouse, Aicha, au tempérament de feu, qui fait exploser les clichés les plus tenaces sur la soumission des femmes musulmanes...

Au fil des pages, on se prend également de sympathie pour les personnages plus effacés comme Camille, parfaite dans le rôle – difficile – de "la femme de guide"... ou celui, plutôt baroque d'Orangette, la montre suisse d'Alexandre, apte à décoder avant lui l'imbroglio de situations sans issues.

 

Alexandre

Guide envoyé en mission au Yémen, pays qu'il n'a jamais parcouru, et qui tente l'impossible pour masquer son ignorance ; il multiplie les bourdes mais la plupart de ses clients ne se rendent compte de rien, jusqu'au moment fatidique où...

Intello refoulé et introverti – fâché de longue date avec sa famille, dysfonctionnelle en diable – les rapports humains ne sont pas son fort. Heureusement, ses intuitions se révèlent souvent juste et, comme pour Fabrice à Waterloo, la chance sait sourire aux débutants !

Quitte à se venger au chapitre d'après d'ailleurs, et le frapper de manière déloyale; heureusement, la fidèle Camille veille au grain. A moins que ce ne soit le sens de l'équilibre précaire acquis lors de ses traversées du Sahara en moto tous-terrain qui ne parvienne, in extremis, à le faire retomber sur ses pieds.

 

Maxime

Bourlingueur depuis toujours et plutôt efficace, mais souvent desservi par son côté "fort en gueule" ; dès son entrée en scène, il affronte une longue série de vents contraires où catastrophes minuscules et périls mortels s'entrecroisent sans fin. Ce qui le contraint, à la grande joie de ses ennemis les plus indécrottables, de baisser un peu le ton.

Sa liaison intermittente avec la trépidante Mathilde, et sa trop grande confiance en lui, le poussent parfois à la faute, mais aussi à défricher des territoires inconnus, comme détourner les meilleurs clients d'agences de voyage de renom et leurs proposer ensuite ses propres circuits "au black".

A RedCarpetTours et à L'Avventura – les deux voyagistes qui le rétribuent, modestement – les mauvaises langues chuchotent qu'avant de travailler dans le tourisme, il aurait fricoté avec la Mafia malaisienne. Ses meilleurs défenseurs, bien en peine de prouver le contraire, se contentent de souligner que ces activités remonteraient à plus de vingt ans. Et qu'il y a aujourd'hui prescription. Juridiquement exact certes, mais qui ne dissipe guère l'aura de bad boy qu'il trimballe derrière lui.

 

Mathilde

L'une des rares "femme-guide" qui ait su s'imposer au Yémen ; peut-être même la seule ! Malgré – ou grâce – à sa haute taille et son abondante chevelure blonde... ou peut-être, de ce que faute de mieux, on désigne "autorité naturelle".

La croiser dans la touffeur du bordélique marché de Beyt el Faqui, sur la Tihama, est un vrai bonheur ; avec un aplomb n'admettant aucune réplique, elle expédie chacun des participants de son groupe à la recherche des ingrédients improbables qui serviront à préparer le dîner du soir, dévoré au clair de lune, sur la plage de Khawkha.

Ou bien en Normandie, au guidon de sa Suzuki 650 "Savage" bleu nuit, monocylindre ultra-maniable, au puissant couple à bas régime et à l'inusable transmission par courroie crantée, comme celles de ses cousines Harley-Davidson fabriquées dans la célèbre usine de Milwaukee.